Des jours comme aujourd'hui me ramènent
Des jours comme aujourd'hui me ramènent inexorablement vers ce dernier été, ce dernier automne. Et puisqu'il y a longtemps que mes maux ne coulent plus en larmes, ils s'épanchent en mots... Je vais bien, rassurez-vous, mais j'ai cette tristesse insondable au fond de moi.
Papa, te rappelles-tu ces arrivées
Où tu venais me chercher ?
Sur ce quai souvent bondé,
Il me tardait de te retrouver.
Comme un lion en cage,
Je guettais ton visage,
Toujours souriant, jamais trop sage,
Le soleil au bout du voyage.
Te souviens-tu, aussi, de ces départs,
Le train qui entre en gare,
Les mots qui laissent place aux regards ?
Ce n'était alors qu'un "au revoir".
Mais maintenant ?
Je traverse ce quai assourdissant,
Meurtrie par la joie de tous ces gens,
Poignardée par la douleur de ton visage absent.
Pourtant, quand tu as été opéré,
J'ai essayé de me faire à l'idée
Qu'un jour, tu ne viendrais plus me chercher.
Mais comment intégrer une telle réalité ?
Si, encore, j'avais été sur le quai
Le jour où ce train fantôme t'a emporté.
Toi qui m'avais toujours attendue et raccompagnée,
Tu as embarqué sans même que je sois à tes côtés.
Bien sûr, je n'aurais pas pu changer l'aiguillage,
La dame en noir avait bloqué tous les rouages.
Mais j'aurais voulu t'aider à faire tes bagages,
Y mettre plein de belles images.
Maintenant que tu t'en es allé,
La gare est désertée,
Les trains ne font que passer,
Pleins de douleurs étouffées.